lundi 25 octobre 2010

Le signe de la lune

Le SIGNE DE LA LUNE par Bonet et Munuera, chez Dargaud

Histoire complète en un seul volume

Perdue dans ses pensées, seule face à la lune, une vieille femme se souvient...

Aldea, un petit village aux abords d'une immense forêt. Artémis est une jeune fille, fascinée par une lune qui semble lui parler chaque soir, et dont elle tente de se rapprocher toujours un peu plus. Pour observer l'astre nocturne, Brindille connait le meilleur des coins, la tour du fou. Mais pour y parvenir, il faut passer à côté du puits du monstre, celui que tous les adultes disent hantés. Et pas question de s'en approcher, ce puits, c'est la mort...

Il était une fois, un conte. Un conte pour adultes, un conte sur l'enfance, et sur bien d'autres choses encore... L'histoire se passe dans ce village alors paisible, jusqu'à ce qu'un étrange personnage organise une chasse à la limace et que les choses dégénèrent...

Dans ce monde, et bien que subtilement annoncés, le fantastique et le merveilleux ne sont jamais loin. Avec cette petite fille fascinée par la lune dont on ne sait jamais si celle-ci lui parle réellement ou s'il s'agit du fruit de son imagination. Avec ce gamin qui prend des potions magiques de la guérisseuse espérant enfin grandir un peu. Avec cet autre qui parle aux animaux...

Dans ce monde, la violence, la jalousie et la tragédie ne sont jamais loin non plus. Avec Rufo qui joue au caïd, extériorisant sa haine, alors qu'il est témoin chaque soir du traitement que réserve son père à sa mère. Avec Petit frère qui veut prouver par dessus tout qu'il peut être fort et utile...

Ce monde, Aldéa, c'est l'enfance. Un lieu où les adultes ont fixé certaines limites et sont peu présents, du moins en apparence, un monde où règne les rêves, le jeu, la magie, et certaines questions restées sans réponse...

Avec Le signe de la lune, E. Bonnet réalise une fable enfantine pleine de poésie, abordant la jeunesse avec son insouciance, mais aussi ses drames. Un événement tragique crée ainsi une césure au milieu de l'album, la seconde partie se déroulant des années après, alors que les rôles ont évolué, et qu'un curieux voyageur revient sur les lieux, des décennies après sa dernière visite... Une nouvelle fois, la magie n'est pas bien loin.

Cette histoire est mise en valeur par un J-L. Munuera qui réalise ici certainement sa plus belle œuvre. Gardant ses traits habituels pour ses personnages, il les fait évoluer dans un décor embrumé, emprunt de mystères. Une association tout simplement merveilleuse, onirique. Un dernier détail, la couleur, un noir et blanc intégral, excepté pour la robe d'Artémis, rouge, qu'elle porte comme un chaperon, en guise d'ultime référence aux contes pour enfants...

Et si pourtant l'ultime référence n'était pas plutôt le fait que cette histoire soit racontée par une vielle dame, assise avec son chien face à la lune, alors qu'elle en porte la marque sur le front...

Une fable poétique et pourtant tragique sur l'enfance, ses rêves, ses peurs, et leurs répercussions... Un conte magistral mis en forme par un Munuera en très grande forme !!

Corentin

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