mercredi 15 septembre 2010

Smoke City

SMOKE CITY par Mariolle et Carré, chez Delcourt

Série finie en deux volumes

Six anciens équipiers se retrouvent pour faire un dernier coup, celui qui doit tous leur permettre de sortir de leur vie pourrie. Une affaire relativement simple pour ces experts et particulièrement bien payée, par un commanditaire mystérieux.

Du déjà vu ? Oui. Du très classique ? A priori aussi, d'autant que les auteurs ne reculent pas devant quelques caricatures. L'équipe est reformée par Carmen, la sulfureuse rousse qui les avait tous trahis 6 ans auparavant. Cole, le personnage central noie sa misérable existence dans le whisky. Je vous l'ai dit, du déjà vu.


Alors pourquoi Smoke City n'est elle pas une BD simplement divertissante, qu'on lit, qu'on range, puis qu'on oublie ? Déjà parce que scénaristiquement, elle ne cesse de nous surprendre. Très classique au premier regard, elle l'est beaucoup moins à la lecture, et de moins en moins encore au fil des pages. Le braquage n'est pas celui d'une banque ou d'une bijouterie, mais d'un musée (oui, ça reste classique, mais moins...). Et puis finalement, le braquage n'en est pas vraiment un, mais plutôt une fraude à l'assurance... Je m'arrête là. De nombreuses questions restent d'ailleurs en suspens, intrigantes. Qui est ce commanditaire, et pourquoi réunir ces 6 anciens équipiers ? Qu'est vraiment cette momie capable de faire sauter le haut d'un immeuble dès la première page d'une BD ? Aucune réponse tranchée n'est encore permise après le premier tome.

Et puis aussi parce que chaque personnage subit un traitement en profondeur, les rendant tous vraiment intéressants. Et même si leur association est un peu classique (le flic, le combattant, le blasé...), elle se justifie amplement. Pour l'instant 3 personnages se détachent, dont 2 sont a priori les plus classiques. Carmen, la femme fatale, sublime rousse qui veut organiser l'opération après sa trahison. Cole, le narrateur blasé, un brin alcoolique, beaucoup plus intéressant qu'il n'y parait. Et enfin, mais c'est très personnel, le chat de Carmen, qu'on voit peu, mais quelle classe. Tout blanc. Magnifique.



Mais surtout, ce qui détache Smoke City du reste, c'est son ambiance enfumée, son côté film noir américain. Certes, la narration, l'histoire y sont pour beaucoup. Mais voilà, parfois un simple argument suffit. Ici, il s'appelle Benjamin Carré. Un des plus talentueux illustrateurs du moment. Capable du meilleur comme... du meilleur, quel que soit le style, l'ambiance recherchés. Il sait mettre des détails d'une rare précision quand il faut, pour revenir à un trait plus simple quand c'est nécessaire. Tout l'art de faire oublier son incroyable maitrise technique. Il n'y a qu'à comparer les décors et les personnages pour comprendre. Des effets de flou immersifs quand un personnage est sonné, l'aspect brumeux de l'ensemble de la ville, des couleurs et un jeu de lumière d'une rare qualité. L'ensemble forme une alliance parfaite, tout simplement.


Si en ouvrant Smoke City, on peut penser qu'il s'agit d'une BD juste magnifique, mais au scénar trop classique, cela ne fait que renforcer les surprises et donc la qualité de l'intrigue à mesure qu'on progresse. Le deuxième tome, lui, apportant une explication fantastique au récit, est encore meilleur, et vue la qualité du premier, cela relève du génie.

Corentin

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